Alain Saint-Ogan dans Phénix

paso

J’ai retranscrit l’entrevue entre Jean-Louis Durher et Alain Saint-Ogan, parue dans le journal Phénix n°40 (1974) :

LE DERNIER INTERVIEW D’ALAIN SAINT – OGAN

J’ai rencontré Alain Saint-Ogan le 10 décembre 1973.

Le hasard me permit ainsi de réaliser la toute dernière interview professionnelle qu’il accorda, et ses ultimes photographies.

Le lendemain, il entrait à l’hôpital.

ll ne devait jamais en ressortir vivant.

Dans son appartement de la rue de Passy, où il me reçut en présence de son frère Bertrand, je fis la connaissance d’un homme courtois, mais à l’aspect sévère, et presque intimidant. Pourtant très vite, le contact s’établit. Et la longue conversation que j’eus l’heureuse idée d’enregistrer, prend aujourd’hui d’autant plus de valeur, que très vite son état empire, et que les quatre opérations successives qu’il subit, rendirent bientôt impossible toute conversation suivie.

Il est de tradition, dans ce genre d’interview, de le remanier plus ou moins, pour les lecteurs. Volontairement, je n’en ai rien fait, voulant conserver à ces larges extraits, l’authenticité et les imperfections du document original.

J.-L. D. – Comment se présentait la Bande Dessinée à vos débuts?

St-O. – Eh bien d’abord, la Bande Dessinée, en France, était- alors réservée aux enfants. D’abord. Ensuite c’était un art mineur – je n’ai pas dit « inférieur j’ai dit mineur » charmant et sans prétention.

Maintenant c’est devenu un art complet, entier, pour adulte…

J-L. D. – Le neuvième art…

St-O. – ..Oui, mais je regrette un peu, un tout petit peu justement, cette transformation. Parce que la Bande Dessinée était, au début, un peu ce qu’était le feuilleton imaginé page par page, jour par jour… On mettait les héros dans une certaine situation, il fallait en sortir par une façon… pas absurde, mais extravagente. Et, dans le fond, il y avait une petite chute à la fin de chaque page.

Et puis il y avait aussi quelque chose, c’est que le dessinateur faisait tout à ce moment-là. il faisait le scénario, il faisait les dessins, il faisait même la couleur, sur calque d‘ailleurs, mais assez grossièrement parce que les procédés étaient beaucoup moins perfectionnés qu’aujourd’hui. Mais, d’un autre côté, cela avait une qualité que n’ont plus les dessins d’aujourd’hui, c’est-à-dire une homogénéité. Maintenant c’est trop. Il y a le scénariste, il y a le dessinateur principal qui, dans le fond, ne fait que des silhouettes, les autos sont faites par un spécialiste, les maisons sont faites par un architecte, tant et si bien que cela ne va pas toujours très bien ensemble.

Mais il n‘en est pas moins vrai que les dessinateurs actuels – écoutez je ne citerai aucun nom – sont très, très forts… très forts… Je dirais même que ce sont des conservateurs du dessin, ce qui n’existe pas beaucoup dans le dessin humoristique, et encore moins en peinture… où nous sommes en plein art abstrait… contre lequel je ne suis pas… dans le fond ça se soutient l’art abstrait… La musique, par exemple, est un art abstrait, incontestablement. il n’en est pas moins vrai que c’est un art, peut-être même le premier de tous, car c’est le seul qui peut changer même votre manière d’être, momentané-

ment. II est certain que certaines musiques vous rendent sentimental, certaines musiques vous rendent gais… vous donnent envie de danser, et même le courage de mourir…

J.-L. D. – Mais vous ne pensez pas que cette minutie du détail apportée par les dessinateurs actuels correspond à une exigence de leur public? il est connu qu’Hergé, par exemple, a été obligé de moderniser, dans ses rééditions, ses voitures, ses avions…

St-O. – Nous sommes tout à fait d’accord, mais ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. Si vous avez, par exemple, un dessin humoristique et des personnages qui sont dans une voiture, il faut que la voiture soit également humoristique… il y a quelques années, quand on faisait une voiture dans un dessin, en se gardait bien de faire un modèle existant, parce que c’était alors considéré comme une réclame…

J.-L. D. – Vous regrettez donc que la précision d’aujourd’hui ait un peu détrônée la fantaisie d’hier?

St-O. – …Oui… de même que la tendance, dans le dessin actuel, à l’exagération caricaturale, contre laquelle je ne suis pas, quand elle est de bon goût… mais e n’est pas toujours le cas…

J.-L. D. – Vous avez souvent abordé avec vos différents héros le fantastique et même la science-fiction, comment jugez-vous celle d’aujourd’hui

St-O. – Extrêmement ennuyeuse, à mon avis… parce qu’il y avait une époque où l’on pouvait supposer qu’il y avait des habitants sur la lune par exemple… On ne peut plus, maintenant qu’on y va…

D’un autre côté, on pouvait imaginer un certain nombre de possibilités qui sont rendues, par l’état de la science actuelle, absolument impossible, tant et si bien que cela réduit énormément les possibilités. Prenez l’apesanteur : c’est une chose qui pouvait être amusante a une certains époque, mais maintenant cela n’amuse plus personne… La vérité est qu’on se désintéresse aujourd’hui beaucoup de la réalité même de la science actuelle… les voyages dans la lune n’intéressent plus personne… ça devient d’une banalité désespérante… Alors il faut ajouter d’autres planètes, extrêmement lointaines, à des millions d’années lumière… tant et si bien que ça devient impossible… Alors il y a une surenchère continuelle… on ne se contente plus d’une hypothèse…

Prenez Wells, par exemple – je suis un grand admirateur de Wells -, il y a une hypothèse qui est valable, c’est l’Homme invisible, ou le Voyageur dans le temps, quoi que… quoi que… il y a une contradiction très grande dans le Voyageur dans le temps… j’ai d’ailleurs eu l’occasion de faire un article sur ce sujet – bien imprévu pour moi – dans La Revue des 2 Mondes », pour démontrer justement l’impossibilité de retourner en arrière, pour une machine voyageant dans le temps… C’est assez compliqué à expliquer, mais je vais essayer.

Supposons par exemple, pour simplifier, qu’il parte un 1er janvier 1972 et qu‘il arrive le 1er janvier 1973. Alors, à ce moment-là il descend et il passe un certain temps en 1973. Eh bien il est certain qu’il ne pourra plus jamais repartir, parce qu’il ne pourra plus jamais repasser par le temps où il était hors de sa machine…

J.-L. D. – Mais tout cela nous éloigne un peu de la Bande Dessinée… Comment y êtes-vous arrivé

St-O. – Si vous voulez, j’ai commencé les dessins dans les journaux… d’ailleurs je continue encore dans le « Parisien Libéré », mais je dois dire que pour ce qui est de la Bande Dessinée, ça a commencé, parce qu’il y avait à ce moment là un journal qui s’appelait « Dimanche Illustré », avec, dans sa double page du milieu, une histoire de Bicot, qui était une histoire américaine, et la Famille Mirliton, je crois, histoire américaine aussi.

En dernière page il y avait de la publicité. Mais il n’y avait pas toujours de la publicité. Tant et si bien que, pour remplir cette dernière page quand elle était incomplète, ils ont eu l’idée de me demander une histoire, en Bande Dessinée. Elle parut donc, pas très régulièrement, et j’allais très vite. L’histoire était d’une simplicité enfantine : deux gosses qui veulent faire fortune en Amérique – ça me paraissait être un sujet sur lequel tous les enfants ont rêvé -, alors évidemment, la première page, ils essayaient de partir, ils prenaient un bateau bien sûr, forcément, obligatoirement, le bateau faisait naufrage, forcément ils se réfugiaient sur une île avec des nègres… et puis ça eut brusquement tellement de succès que, du coup, on a débarqué la Famille Mirliton, on m’a mis au centre, à côté de Bicot, et qu’à ce moment-là à commencé véritablement l’histoire de Zig et Puce, parce que je me suis dit, il faut y aller beaucoup plus doucement… et en effet, puisque ça a duré quelque chose comme… près de quarante ans. Même la guerre n’a pas interrompu leurs aventures.

Après la guerre, ils ne paraissaient plus dans « Dimanche illustré » puisque cet hebdomadaire n’existait plus, mais dans Cadet-Revue », qui était un de mes journaux; puis ça a paru à l’étranger… ça a paru dans des quantités de choses… en Belgique… au Canada… en Hollande… en onze langues quoi…

-L. D. – De tous les nombreux héros que vous avez créés, ce sont eux qui ont eut le plus de succès?

St-O. – Oui… je ne sais pas pourquoi d’ailleurs.

J.-L. D. – Et pour quelle raison Puce a-t-il hérité de cette coiffure « piquante » et si originale

St-O. – Qu’est-ce que vous voulez… Pourquoi Tintin a-t-il une mèche sur la tête

J.,-L. D. – Oui, mais reconnaissez qu’il s’agit là d’une coiffure plus classique, plus banale…

St-O. – Ce fut une pure fantaisie de ma part, comme j’ai évidemment recherché le contraste obligatoire du grand maigre et du petit gros.-.. C’est Don Quichotte et Sancho Pança… D’ailleurs ils

ont évolué beaucoup, ils se sont assagis beaucoup… Ils étaient d’ailleurs extrêmement laids au début… progressivement, ils se sont affinés.

J.-L. D. – Et le personnage d’Alfred

St-O. – Le personnage d’Alfred qui a évolué aussi, est apparu assez rapidement, Zig et Puce ayant échoué au Pôle Nord. Il y a d’ailleurs deux ou trois erreurs lat-dedans… ils rencontrent donc ce pingouin… or, première erreur, il n’y a pas de pingouin au Pôle Nord, c’est au Pôle Sud, ensuite ce n’est pas un pingouin mais un manchot, seconde erreur, qui est d’ailleurs signalée – c’est assez drôle – dans le Dictionnaire des Difficultés de la Langue Française.

J.-L. D – Et pourquoi ce nom d’Alfred

St-O. – Alors ca, cher Monsieur, il fallait bien lui donner un nom…

J.-L. D. – Oui, bien sûr, mais pourquoi avoir choisit celui-là?

St-O. – Franchement, je ne sais pas… Donc à l’origine j’avais eu l’idée de faire manger un pingouin à Zig et Puce… et puis ce pingouin, je n’ai jamais pu le tuer… alors il est resté… et à ce moment-là, il a eut un énorme succès, il faut l’avouer… il a été mêlé à l’arrivée de Lindberg, on en a fait des fétiches et toutes sortes de choses… On en a même fait le sujet de pièces à « La Lune rousse », aux « Deux Anes », au « Théâtre du Petit Monde », un ballet au « Casino de Paris », etc., etc.

J.-L. D.- Et les noms de Zig et Puce?

St-O. – Ça c’est pareil… on prend un nom parce qu’on prend un nom… çà sonnait bien… c’était heureux Zig et Puce…

J.-L. D. – Vous êtes donc arrivé à la Bande Dessinée par le dessin humoristique

St-O. – Oui, déjà je collaborais au « Dimanche lllustré » dans des dessins, car il y avait une page dessins humoristiques; j’avais aussi collaboré à « L’Echo de Paris », à « L’intransigeant » et beauooup d’autres. Enfin j’étais déjà un… je ne veux pas employer un mot, mais enfin, un petit peu lancé…

J.-L. D. – Mais le dessin fut une vocation pour vous, ou un hasard dans votre vie? Vous aviez suivi des études pour cela

St-O. – Non… Enfin j’ai été aux Arts Décoratifs, qui est devenu maintenant une grande école, ce qui me flatte beaucoup…

Avant j’étais à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs, maintenant je suis un ancien élève de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs… Mais je reviens à votre question : pourquoi le dessin ? Eh bien mon

père était journaliste.

Or, étant enfant, je me suis amusé à faire un petit journal qui était distribué à mes petits camarades et qui était tiré d’abord à trois ou quatre exemplaires. ils furent d’abord ronéotypés, puis lithographiés, parce que j’ai fini par avoir deux mille abonnés… et qui n’étaient pas tout le monde, puisque y figuraient Sarah Bernhardt et le Président Fallières…

J.-L. D. – Ciel

St-O. – Oui, c’est assez amusant, d’autant plus que comme ça coûtait vingt sous par an l’abonnement – c’était pas très cher – eh bien, malgré tout, l’Elysée m’envoyait régulièrement un franc… Quant à Sarah Bernhardt, elle m’avait écrit une lettre, que je n’ai plus d’ailleurs, malheureusement, car tout cela à disparu avec les guerres, où elle m’expliquait qu’elle n’avait pas l’habitude de payer des abonnements, mais qu’en échange elle m’enverrait des places…

J.-L. D. – Et vous aviez quel âge alors

St-O. – Une dizaine d’années… j’ai toujours eu la passion du journalisme et, dans le fond, le dessin a été pour moi une manière de m’extérioriser plus à ma portée qu’une autre… mais j’avais commencé par faire quelques articles.

J.-L. D. – De quel genre

St-O. – Historiques… Je dois vous dire que mon père était un érudit, et avait des quantités de notes… que j’ai copiées carrément et que j’ai portées au « Figaro Littéraire », qui les a prises… tant et si bien que j’aurais pu devenir un Alain Decaux si j’avais continué… mais je n’ai pas continué!

Je trouve qu’il y a une certaine poésie à collaborer dans un journal… cela fait voyager sur place, si l’on peut dire… non pas dans le temps, mais sur place… on fait un dessin, une œuvre, un article auquel le public ne va peut-être pas faire bien attention, mais qui demain, ou la ï semaine prochaine, se trouvera dans des trains, dans des hôpitaux, dans des châteaux ou dans des demeures plus modestes… vous ne trouvez pas que ça fait rêver

-L. D. – Et vos autres personnages

St-O. – Eh bien il y a eu Monsieur Poche qui, je crois, bien injustement, n’a pas eu le succès de Zig et Puce, et puis il y a eu Prosper qui, lui, a bien marché dans « Le Matin » et dont l’histoire est assez drôle

Un jour, « Le Petit Journal » me demande un projet d’histoire.

Alors j’ai eu l’idée de faire « Le Pays des Animaux » où un petit garçon, montreur d’ours, se trompant de chemin, arrive au pays des animaux, où ceux-ci parlaient comme les hommes.

Je dépose donc ce projet au journal, huit jours se passent, pas de réponse, quinze jours se passent, pas de réponse, alors, agacé et furieux, j’y vais et je leur dis Puisque vous ne vous décidez pas, je reprends la page. » Or, ce soir-là, j’avais rendez-vous avec Pierre Descave et d’autres amis et je ne voulais pas risquer d’oublier ou de perdre ces dessins.

Alors, ne sachant qu’en faire, j’ai eu l’idée, assez saugrenue, de les déposer a un ami qui travaillait au « Matin » en lui demandant de me les faire rapporter le lendemain par un cycliste.

Ce quotidien s’étant jusqu’alors refusé à faire paraître des dessins, il n’y avait vraiment là aucune intention de ma part.

Or, le lendemain à midi, personne.

Je téléphone, toujours furieux – je ne décolérais pas dans ce temps-là -, pour apprendre qu’ayant trouvé les personnages amusants, mon ami les a fait passer, comme curiosité, de bureaux en bureaux…où ils ont fini par atterrir sur celui… du directeur… qui décida de les publier en bandes quotidiennes. Elles devaient paraitre jusqu’à la guerre et être poursuivies, après la fin de celle-ci, dans « Ce Matin-Le Pays »

J.-L. D. – Et comment l’idée de Prosper vous est-elle venue

St-O. – Tout simplement parce que j’aime beaucoup les animaux. Je trouve d’ailleurs que maintenant ils ne sont plus assez utilisés et bien injustement considérés comme trop enfantins.

Il y a d’ailleurs une autre histoire que, personnellement, j’aime beaucoup, je dois dire, ce sont les dix fascicules que j’ai faits en 1956 pour « La Vache qui rit Au Paradis des Animaux ». Ils s’obtenaient en échange des bons que l’on trouvait dans les boites de fromage et, chaque semaine, les mêmes textes étaient lus à la radio. L’affaire s’est d’ailleurs faite d’une façon assez amusante.

Le père Bel, le directeur des fromageries, m’avait invité à déjeuner pour en discuter.

il me dit : « Alors, quelle est votre idée ? », et je lui réponds :« Eh bien, je mets la vache qui rit au Paradis des Animaux.

Mais alors, vous la faites mourir? m’objecte-t-il.

Heureusement, j’ai eu cette réponse géniale : « Mais pas du tout, je la mets dans l’immortalité.

ll a beaucoup apprécié, et l’affaire a été conclue.

J.-L. D. – Mais qui fut l’inventeur de La Vache qui rit

St-O. – Eh bien c’est assez drôle, et oublié depuis, mais ce fut Benjamin Rabier qui inventa la marque et dessina la tête de cette fameuse vache. On m’obligea d’ailleurs à la respecter telle qu’elle tut créée et, le plus étonnant fut que, loin de me gêner, cette condition m’aide dans la composition des dessins… M’amusant à chercher où et comment j’allais pouvoir la placer…

J.-L. D. – Finalement, vous avez créé beaucoup de personnages de Bande Dessinée…

St-O. – Oui… mais il y eut aussi quelques essais plus ou moins heureux, dans des petites choses oubliées… dans de nombreuses petites histoires publicitaires qui étaient prévues pour seulement quelques semaines. D’autres qui durèrent des années, comme « Bob et Bobette » pour les chaussures Cecil… Ou bien des albums parus durant la guerre, dans la zone dite libre, et dont on ne parle pas assez alors que je n’en suis pas du tout mécontent. C’est, par exemple, le cas de Crac et Boum », ces deux petits génies qui arrivent sur terre avec un tas de talismans dont ils ne savent pas se servir, ce qui leur occasionne bien des histoires…

J.-L. D. – En somme, vous avez dessiné des aventures que vous auriez peut-être aimé trouver dans les illustrés de votre enfance

St-O. – Sans doute. Quoi qu’il y avait de charmants journaux illustrés alors, comme « Les Belles Images », et d’excellents dessinateurs, comme G. Ri, tout à fait oublié maintenant, et que j’aimais beaucoup. Ses voyages interplanétaires étaient pleins de poésie, mais sans aucune science. Vénus était habitée par des jolies femmes, Mars par des guerriers,etc.

Mais, à mon avis, je regrette un peu cette époque-là… plutôt que la fausse science qu’il y a maintenant.

J.-L. D. – Vous suivez la Bande Dessinée actuelle

St-O. – Oui, mais justement… la plupart ne sont plus faites du tout pour les enfants et je ne crois pas, tout comme Hergé d’ailleurs, à la nouvelle formule de certains illustrés pseudo-intellectualo-politico-érotico et autre… Mais enfin il m’est difficile, personnellement, de pouvoir en parler…

J.-L. D. – Si l’on vous proposait aujourd’hui de poursuivre personnellement les aventures de Zig et Puce, accepteriez-vous?

St-O. – Ah non! maintenant, sûrement pas. Je n’accepterais pas.

Le dernier album que j’ai fait d’eux a dû paraître chez Hachette en 1952, et leurs dernières apparitions dans la presse fut dans les suppléments du jeudi de « France-Soir » Mais ce journal était terriblement mal imprimé. Alors j’étais furieux de cela, ce qui m’arrivait souvent – j’ai toujours l’air de vous dire, quand je vous raconte des histoires, que je suis toujours furieux – et je téléphone, en leur disant : « Eh bien, si c’est comme ça, je cesse ma collaboration…

C’est votre dernier mot ? » me demande-t-on.

Je réalise alors très rapidement que si je ne change pas d’avis, quelques amis sauront que c’est moi qui ai donné ma démission, mais le gros public dira Bon, eh bien on a supprimé ça parce que ça ne plaisait pas…

Alors, j’ai eu le sang-froid de répondre Non, Ce n’est pas mon dernier mot… Vous allez encore m’entendre…

Et le fait est… que sa voix, à travers les dialogues de ses personnages, continuera longtemps encore à nous charmer.

Le propre des enfants n’est-il pas de prolonger à travers eux le souvenir de leurs parents

Alors, merci à Zig et Puce d’avoir, un jour de mai 1925, commencé – pour nous tous – une si belle histoire…

aso

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