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Une monnaie à l’effigie d’Alain Saint-Ogan, Tintin n°19 du 7 mai 1968

Alain Saint-Ogan, inventeur de la BD française, Planète BD n°15, novembre 2010

Postface de Dominique Petitfaux pour la réédition de Zig et Puce Cherchent Dolly d’Alain Saint-Ogan par Glénat en 1995

Grand Concours de plage du Figaro

La BD enseignée à la Sorbonne, 1972

La BD enseignée à la Sorbonne, Le Parisien, 1972

Saint-Ogan et les grands enfants : la place de l’œuvre d’Alain Saint-Ogan dans le discours historique de la SOCERLID

Article de Julien Baudry à lire sur Open Edition Journals : https://journals.openedition.org/comicalites/578

La Conclusion :

La prise en charge de la mémoire de l’œuvre de Saint-Ogan par la SOCERLID a un effet fondamental sur le statut et les représentations attachées à ce dessinateur dans les décennies qui suivent sa mort en 1974. Encore largement considéré comme un dessinateur de presse et un journaliste au début des années 1970 (profession qu’il exerce encore à cette date dans Le Parisien Libéré), il est progressivement rattaché au champ historique de la bande dessinée, alors qu’il quitte celui du dessin de presse. Zig et Puce demeure plus connue et est toujours rééditée, alors que ses dessins, il est vrai assez peu originaux, réalisés pour les grands quotidiens dans l’entre-deux-guerres sont largement oubliés.

Au-delà de cette question du rattachement à l’un ou l’autre champ culturel, le discours historique proposé par la SOCERLID autour de Saint-Ogan est encore une lecture nostalgique, que l’on peut considérer comme une lecture intellectualisée d’œuvres idéalisées par l’enfance, dans un contexte de légitimation du média. La lecture nostalgique est profondément ambivalente. D’un côté, l’action de la SOCERLID a été plutôt efficace pour faire redécouvrir Saint-Ogan en lui attribuant un statut « mythique » : d’autres dessinateurs de sa génération n’ont pas connu le même traitement, et leur place dans les panoramas historiques sur la bande dessinée n’est pas toujours assurée (Étienne Le Rallic, Auguste Liquois…). D’un autre côté, leur discours conduit à un important travail de sélection (qui met l’accent sur certains aspects de l’œuvre de Saint-Ogan, et notamment sur la série Zig et Puce, tandis qu’aucune autre de ses séries n’est rééditée) et tend à s’éloigner de l’analyse purement historique lorsqu’il pousse à des conclusions qui sont davantage du registre de l’émotion. Le raccourci de la représentation de Saint-Ogan comme « père de la bande dessinée française » est le fruit d’une surinterprétation historique qui révèle le fonctionnement du discours des membres de la SOCERLID autour de présupposés immuables.

La construction historique de la SOCERLID, que nous avons détaillée ici par l’exemple révélateur d’Alain Saint-Ogan, est un des premiers discours historiques élaborés sur la bande dessinée. Il connaît une importante postérité dans l’héritage du fandom28de la bande dessinée tout au long des années 1970, même s’il n’est pas le seul à se développer durant la même période, et que son héritage commencera à être remis en cause à partir des années 1980 par d’autres discours (AMELINE, 2009). La représentation que nous avons identifiée comme « mythique » est celle qui se diffuse le plus facilement, en particulier lors d’une décennie où des journalistes non-spécialistes commencent à s’intéresser à la bande dessinée, et où, par ailleurs, se développe un discours de moins en moins destiné aux seuls spécialistes.

Si l’interprétation américano-centrée de l’histoire de la bande dessinée tend à s’effacer, la mythification de l’ère dite « franco-belge » (qui correspond grossièrement aux productions françaises et belges durant les Trente Glorieuses et à la triade Dupuis/Dargaud/Le Lombard), dont nous percevons les prémisses à travers l’exemple d’Alain Saint-Ogan, est une permanence inquiétante à notre époque, parce qu’elle impose une lecture historique univoque. Elle prouve au besoin que les discours de la SOCERLID et la reprise de leurs méthodes au fil des décennies ont ancré les représentations de la bande dessinée dans des logiques affectives de célébrations et d’héroïsation de certaines périodes conçues comme des « âges d’or ».

Haga, 1973

Goux interview Alain Saint-Ogan, Haga, 1973

1er salon national de la BD, Toulouse, 1973

1er salon national de la BD, Toulouse, 1973

Alain Saint-Ogan, Premier salon international de la BD à Toulouse, 1973 (Dépêche du midi)